Effet d’un programme de renforcement de la hardiesse sur la qualité de vie au travail d’infirmières françaises

PHILIPPE DELMAS, ANDRÉ DUQUETTE, MARC BOURDEAU ET ANNE-MARIE PRONOST

Selon Maddi et Kobasa (1984), la hardiesse apparaît comme une ressource personnelle permettant aux personnes de demeurer en santé dans un univers pourvoyeur de nombreux stresseurs. Ce constat a été de nombreuses fois exploré auprès de diverses populations d'infirmières. Par contre, malgré la contribution des infirmières à préciser les relations proposées par la théorie de Maddi et Kobasa (1984), il semble exister peu d'études ayant exploré les relations causales entre les variables couramment utilisées par ces dernières comme par exemple : l'épuisement professionnel, le stress perçu, le coping. De ce fait, cette étude a pour but d'élaborer un programme de renforcement de la hardiesse et d'évaluer ses effets sur la hardiesse, les stratégies de coping, le stress perçu et la qualité de vie au travail d'infirmières françaises. L'échantillon fut constitué à partir de la population accessible d'un hôpital du sud-ouest de la France.

Une randomisation de cet échantillon de 70 infirmières a permis la constitution du groupe expérimental et contrôle. Le programme d'intervention fut bâti à partir des recommandations des concepteurs (Maddi et Kobasa, 1984) si bien que trois techniques furent retenues : le focusing, la reconstruction de situation et l'approche émotivo-rationnelle. Les instruments de mesure furent pour la hardiesse, l'échelle PVS II (Maddi, 1987, 1990) en traduction française (Kérouac et Duquette, 1992) ; pour le stress perçu, l'échelle NSS (Gray-Toft et Anderson, 1981a) en traduction française (Duquette et al., 1995), pour les stratégies de coping, l'échelle abrégée en langue française (Bouchard et coll., 1995) du Ways of Coping Questionnaire (Lazarus et Folkman, 1984), pour la qualité de vie au travail, l'échelle de Elizur et Shye (1990) en traduction française (Delmas, Escobar et Duquette, 2001). Les résultats montrent aux trois temps de mesure postérieurs à l'intervention que celle-ci a permis de renforcer le niveau de hardiesse, les stratégies actives de coping, la qualité de vie au travail des infirmières tout en diminuant l'intensité du stress perçu et les stratégies de fuite.