Le traitement pharmacologique de la maladie d’Alzheimer : une responsabilité morale influençant la qualité de vie et le fardeau des aidants

SOPHIE ÉTHIER, ANNE-MARIE BOIRE-LAVIGNE ET SUZANNE GARON

Cet article de réflexion vise à mettre en lumière que l’engagement des aidants dans le traitement anticholinestérasiques et antiglutamatergique de leur proche atteint d’Alzheimer est une responsabilité morale qui ne peut être envisagée que par le biais d’évaluation de l’efficacité d’un médicament. L’article est présenté en quatre parties. Premièrement, il expose les résultats d’études sur les effets positifs du traitement. Nous verrons qu’il procure des gains aux plans cognitif, fonctionnel et comportemental pour les personnes atteintes. En outre, les aidants consacrent moins de temps aux soins de leur proche et ce dernier peut être maintenu plus longtemps à domicile avant d’être hébergé. Ce qui nous amène, deuxièmement, à examiner les conséquences dans la vie quotidienne des aidants. Nous constaterons qu’il n’est pas démontré que le fardeau et la qualité de vie en sont améliorés.  Troisièmement, conséquemment, nous développons une réflexion sur les raisons susceptibles d’expliquer en quoi les traitements pharmacologiques ne constituent pas une panacée pour les aidants. Pour ce faire, nous exposerons comment leur rôle à l’égard du traitement est complexifié par les enjeux éthiques et relationnels qu’il implique.

Cette réflexion nous conduit, enfin, à postuler que l’engagement des aidants dans le traitement est une responsabilité morale qui implique davantage qu’un rôle d’accompagnement de la prise de médication. En conclusion, nous nous arrêtons sur la nécessité que les pratiques infirmières s’arriment à la complexité du rôle exigé aux aidants et qu’elles tiennent compte des enjeux éthiques et relationnels sous-jacents pour mieux soutenir les familles touchées par la maladie d’Alzheimer.