Le protocole de détresse respiratoire chez les personnes âgées en fin de vie : un choix thérapeutique de dernier recours?

DIANE TAPP, MARIE-ÈVE CIMON, FLORENCE MARTINEAU, LAURIE PLAMONDON, ABBA FADIMATOU ET ARIANE PLAISANCE

Contexte : Au Québec, le protocole de détresse respiratoire (PDR) est prescrit aux patients recevant des soins palliatifs et de fin de vie. Il s’agit de l’administration simultanée d’un opioïde, d’un anticholinergique et d’un sédatif par une infirmière permettant d’induire une sédation et de diminuer rapidement les symptômes aigus d’un patient en fin de vie. Selon le protocole médical de l’Institut d’excellence en santé et services sociaux (INESSS), le PDR devrait être une mesure d’urgence et de dernier recours. Son utilisation est peu documentée et serait fréquente auprès des aînés. 

But et méthodes : Le but de cet article est de décrire la prévalence, la fréquence et les motifs justifiant le recours au PDR, ainsi que les administrations non conformes chez les personnes âgées dans différents milieux cliniques. Une étude de cohorte rétrospective transversale multicentrique a été effectuée dans six unités de soins de la grande région de Québec. Quatre cents quatre-huit (488) dossiers de patients décédés alors qu’ils étaient âgés de plus de 65 ans ont été analysés. 

Résultats : La moyenne d’âge au décès était de 81,1 ans (±9,2). Globalement, 78 patients ont reçu un total de 127 PDR. Soixante-quatre PDR (50,4 %) administrés étaient non-conformes. Les prévalences de l’administration du PDR et de la non-conformité sont plus élevées aux soins intensifs. 

Discussion : Les pratiques actuelles de gestion des symptômes aigus chez des patients âgés en fin de vie doivent être améliorées. 

Retombées : La mise en perspective de ces constats permettra d'améliorer la qualité des soins offerts de même que de réduire les disparités entre les milieux cliniques.

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Abstract

Context: In the province of Quebec, the respiratory distress protocol (RDP) is prescribed to patients receiving palliative and end-of-life care. It is the administration of an opioid, an anticholinergic and a sedative by a nurse aiming to induce sedation and rapidly reduce the acute symptoms of a patient at the end of life. According to the national medical protocol (INESSS), RDP should only be administered to conscious persons facing a specific clinical situation and should be an emergency, last resort measure. Its use is poorly documented and is likely to be frequent with elderly persons. 

Purpose and methods: The purpose was to describe the prevalence, frequency, reasons for RDP use in the elderly, as well as non-compliant administration in different clinical settings. A multicenter, cross-sectional, retrospective cohort study was conducted in six care units in the greater Quebec City area. Four hundred and eighty-eight (488) records of patients who died while over the age of 65 years were analyzed. 

Results: Mean age at death was 81.1 years (±9.2). Overall, 78 patients received a total of 127 RDPs. Sixty-four RDPs (50.4%) administrations were not compliant. The prevalence of RDP administration and non-compliancy are higher in the ICU. 

Discussion: Current practices for the management of acute symptoms of patients at the end of life need to be improved. 

Conclusion: Challenging current practices will improve the quality of care offered to persons at the end of their life and reduce disparities between clinical settings.